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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/67

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les lui redisait plus vivement encore. Émue, attendrie, elle se laisse aller dans les bras de l’Arabe, l’entoure des siens, et lui rend, comme elle le reçoit de lui, le premier baiser de l’amour.

Ainsi le premier homme, dans le désert de la Création, reçut de sa compagne, encore innocente et pure, la première caresse : caresse fatale ! dont le souvenir devait un jour lui faire trahir son Dieu. Mais Ève l’allait quitter, Ève était criminelle, il voulut être coupable pour la suivre ; il dédaigna le bonheur éternel, mais solitaire, pour la douceur de souffrir auprès d’elle, et pour elle.

Ainsi Laurette faillit ; elle oublia que l’Arabe était d’une secte réprouvée, et que jamais chrétien ne doit écouter les vœux d’un infidèle.

Kaboul, enivré de bonheur et d’amour, s’écria : Divin prophète ! toi, qui, près du trône céleste, veilles sur