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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/69

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t-elle. — Pourquoi, lui dit-il, pourquoi me fuis-tu ? Le prophète lui-même a reçu nos sermens. Je l’ai vu dans les cieux bénissant notre hymen.

Laurette se remit à ses côtés. Connais, lui dit-elle, connais tout mon malheur, tu m’as perdue. L’enfer et ses tourmens seront mon partage ; mais s’il le faut, pour ton bonheur, que je sois livrée aux peines éternelles, le souvenir de ta félicité sera peut-être plus puissant que l’enfer. — Mon bonheur, répondit-il, est dans le spectacle du tien ; pourrais-je voir dans tes yeux une larme, et n’en pas sentir des torrens dans mon cœur ? Pourrais-je te savoir une crainte, et ne pas souffrir déjà tous les maux encore éloignés de toi ? Mais d’où viennent ces regrets, ces terreurs ? Se rendre aux désirs d’un amant, d’un époux, est-ce un crime devant ton Dieu ?

Non, reprit-elle. Un saint homme m’a conduite par la main dans la voie