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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/71

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détruisit, en un moment, toute l’œuvre du moine.

Se suffisant l’un à l’autre, leur pensée oublia les belles campagnes de l’Yémen et de l’Occitanie. La patrie fut cette terre solitaire ; le toit natal, cette simple cabane de feuillage. Ils étaient seuls, et ne s’ennuyaient pas ; ils s’aimaient et travaillaient. Le travail prévenait le dégoût, maladie de l’âme, suite ordinaire de l’amour ; et l’amour leur rendait le travail moins pénible. Heureux les mortels qui savent, ainsi, vivre sans vassaux et sans protecteurs, libres et résolus à l’être, aimant et aimés ; trouvant dans leur tendresse leurs plaisirs, et leurs besoins dans leur travail !

Ils demeurèrent pendant près d’une année aux bords de la source des Palmiers. Ils découvrirent des racines nourrissantes ; ils trouvèrent des œufs déposés par les oiseaux ; ils tendirent des