Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/72

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piéges aux timides quadrupèdes ; enfin ils vivaient contens loin du monde. Mais l’homme peut-il échapper à sa destinée ? Le bonheur le fatigue : il ne fut pas créé pour être heureux ici-bas ; sa patrie est au ciel, et c’est ici la terre d’exil. Les souvenirs mal éteints se réveillèrent dans l’âme des amans. Ils s’aperçurent un jour qu’ils étaient seuls. La solitude leur rappela plus vivement les temps écoulés ; des projets évanouis revinrent à leur mémoire. Laurette, en se ressouvenant de Lansac, entendit encore la voix qui, jadis, sortant du feuillage d’un chêne, lui cria : Pense à ton père ! Elle proposa donc à son ami de quitter la source des Palmiers, et de la guider vers les murs de la Cité sainte, où les chrétiens étaient arrivés sans doute. Ils arrachèrent donc le chameau d’Abenzaïd à sa longue oisiveté, le chargèrent de fruits et de racines ; Laurette et ses fils se remirent sur son dos obéis-