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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/73

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sant, et ils quittèrent la cabane de feuillage, la source intarissable, les palmiers hospitaliers.

Leur voyage fut long : Kaboul craignait de rentrer dans la société humaine. La limite de la solitude était à ses yeux celle du bonheur. Il errait autour de sa route, retournant vers les lieux déjà quittés. Quelquefois sa compagne, en pressant le dromadaire trop tardif, s’éloignait pour plus long-temps du but qu’elle voulait plus vite atteindre ; enfin, elle allait devenir mère, et Kaboul se hâta pour lors de regagner les terres habitées.

À l’aspect du premier toit sous lequel vivait, et sans doute souffrait, une famille : adieu, dit-il, calme de la solitude ; adieu repos et douce incurie. Mon dromadaire paissait sans attache, et nul ne le détournait loin de moi ; je plantais, et nul ne s’attribuait mes sueurs ; un autre ne cherchait point les regards de