Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/80

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chargé des pouvoirs du comte de Toulouse, philosophe, c’est-à-dire déïste et athée, qui ne mettait qu’un genou à terre au passage des processions ; je me liguai avec des procureurs fripons, des juges ignorans, un avocat qui venait d’aider à voler la caisse du souverain, et cet avocat, pour n’être pas pendu, et moi, pour avoir la place du philosophe, nous fîmes partir de Nîmes quatre épurateurs chargés d’expédier son âme en enfer ; ils arrivèrent à Alais au point du jour, après avoir marché toute la nuit. L’hérétique s’était douté de notre zèle, on le manqua : mais j’eus la place, et je m’y illustrai de telle manière, ainsi que mon substitut, entré comme moi dans la magistrature, au dire des philosophes, par la bassesse et l’infamie (injures de philosophes sont éloges pour nous), qu’on appelait notre siége un poteau. Nous étions, il est vrai, de terribles magistrats, mais pour la gloire de Dieu et