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n’avaient point commis ; mais quelquefois leur conduite honorable les préserva de la vengeance d’un peuple de victimes.

Florestan n’avait point maltraité les habitans des bords du Bosphore. Il n’avait pris nulle part au massacre ordonné par le moine italien. Depuis l’incendie de l’hospice, et la mort de son père, tout entier à sa douleur, il avait horreur du sang, et quoiqu’il s’imaginât encore avoir exécuté les ordres du ciel, dans le fond de son cœur une voix terrible lui reprochait sa barbarie passée, et le menaçait d’un châtiment sans fin. Il le trouvait déjà dans ses remords.

Le pilote avait remarqué cette conduite : il résolut de le sauver. Avant de submerger son vaisseau, il avait jeté quelques planches à la mer. Quand il noya les Croisés, il ne perdit point Florestan de vue, il le saisit au moment qu’il allait disparaître pour toujours,