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et son étonnement fut extrême de ne l’avoir point encore aperçue.

C’est alors que ses larmes coulèrent avec une abondance qui l’étonnait elle-même. Elle sentit toute sa faiblesse en perdant l’appui de son amant et de sa pensée ; elle ne vit qu’une solitude dans la vie, qu’un désert dans son cœur, que des tourmens dans l’avenir ; malheureuse, elle pleurait ; prévoyant l’éternité de son malheur, elle pleurait bien plus encore ; mais quand on pleure sur l’absence de ce qu’on aime, on n’a pas perdu, quoiqu’on en croie, tout espoir de retour. Les larmes n’ont jamais annoncé l’extrême infortune.

Gabrielle retrouva donc des momens plus tranquilles ; elle se souvint que son amant n’était parti que pour obéir aux ordres du ciel ; elle se dit : Dieu ne doit pas vouloir punir les hommes de leur désobéissance ; il s’est servi de la faible voix d’une amante pour transmettre ses