Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 78 )

l’oreille est en même temps frappée par une voix mesurée et continue, finissent par rêver et par entendre la voix qui leur parle ; ils prêtent cette voix à l’objet qu’ils rêvent, et souvent les réponses qu’ils pensent lui faire, leur bouche les prononce en effet. On sent quel parti l’on pourrait tirer de ce moyen pour inculquer les saines doctrines, pour rassurer les timides, épouvanter les incrédules, et hâter l’avancement du règne de Dieu. Que n’y a-t-il un moine à côté du lit de chaque fidèle !

Florestan rêva donc ; son premier rêve recommença, mais ce n’était plus un Démon qui l’obsédait, c’était un moine ; aussi, sous quelle face nouvelle les mêmes objets se présentèrent-ils à sa pensée ! le sang versé par ses mains ne s’élevait plus contre lui, ce sang coulait sur le calvaire aux pieds de la croix où le sauveur fut attaché, il s’exhalait en parfums, montait au ciel, les cieux s’ou-