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toujours derrière lui, et pourtant semblait l’avoir devancé. Les sons volaient au-dessus de la tête du pélerin ; et, arrêtés par les échos supérieurs, ils retombaient vers lui des hautes roches que ses pas devaient gravir. À mesure qu’il s’élevait sur les monts, la voix s’affaiblissait ; les vapeurs s’épaississaient ; il s’égara. Bientôt il eut perdu la terre de vue ; n’apercevant plus rien au-dessus de sa tête, autour de ses pas, environné de profonds nuages, il était, sur la cime de ces roches prodigieuses, comme lancé dans les régions du ciel.

Il fut obligé de s’arrêter. Le silence, l’obscurité, l’isolement, le plongèrent dans une noire rêverie. Tout-à-coup, des chants majestueux remplirent les airs ; à des sons éclatans, se mêlaient des sons plus profonds. Les uns semblaient s’élever jusqu’au plus haut des cieux, les autres s’arrêter au milieu de la nue. C’étaient des chants d’actions de grâce ;