Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/168

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qui donc a disposé de son bien ? a détruit ces bosquets où Gabrielle cueillait des fleurs, ces beaux arbres où les noms des deux amans, gravés sur l’écorce tendre, croissaient de jour en jour comme l’amour dans leur âme ? L’Occitanie a-t-elle été de nouveau ravagée par les Maures ; sont-ils venus de l’Afrique ou de Grenade ? ou les os des soldats d’Abdérame, semblables au serpent de Cadmus, ont-ils produit de nouveaux guerriers ? et la terre, après des siècles, a-t-elle vu les vaincus revenir à la vie et ressaisir la victoire ? Des conquérans dévastateurs, des barbares seuls, ont pu détruire ces monumens de l’amour et changer l’aspect de ces rivages enchantés… Il est vrai, Florestan, des conquérans ont assis leur camp sur tes terres usurpées : ces conquérans ce sont des moines ; ce vaste bâtiment est leur monastère ; malheureux Croisé, tu le sauras plus tard.