Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/171

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bole du renoncement au monde, il porte un cœur tendre qui l’appelle à prendre part aux scènes tumultueuses de la vie ; un cœur tendre, le plus grand de tous les malheurs pour qui ne peut inspirer la tendresse. Puisse-t-il concevoir, ce valeureux Croisé, qu’il faut renoncer à l’amour quand on n’a plus les moyens de plaire !

Il s’assit tristement sous un chêne, incertain de nouveau sur sa route ; il craignait les premiers regards de Gabrielle ; mais enfin l’espérance revint, le souvenir de l’amour de sa bien-aimée, de ses sermens, de sa bonté ; son propre cœur qui l’assurait, en le trompant peut-être, qu’il ne cesserait pas d’aimer une amante dépouillée de ses charmes, lui rendirent la confiance et le courage. Il se remit en marche, toujours sans être reconnu par les habitans. Il s’avançait en étranger sur ses propres foyers ; ce délaissement lui serrait le cœur, il aurait