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voulu pleurer, et ne trouvait point de larmes ; mais son cœur se dilate et s’épanche. Il pleure au premier signe de reconnaissance et d’amitié, car enfin il se voit reconnu et toujours aimé.

Jadis il avait fait présent à sa bien-aimée du plus fidèle des chiens ; il était toujours en tiers dans leurs entrevues. Quand Florestan devait venir, il courait au-devant de ses pas ; un jour s’écoulait-il sans le voir, il allait pendant la nuit gémir à sa porte, et restait là pour le ramener à sa maîtresse. Quand Gabrielle, depuis son départ, allait l’attendre, le chien fidèle explorait au loin les pas des voyageurs, imprimés sur la poussière. Depuis la mort de Gabrielle, il emploie sa journée à gémir dans l’église, à attendre Florestan sur la route. Il part à l’heure accoutumée, il flaire les traces des voyageurs, il les examine eux-mêmes ; revient et va s’asseoir de nouveau sur la tombe.