Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/19

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de tout un peuple qui semble oublier sa propre misère pour réclamer la fin d’une peine qui n’ôtera rien à l’amertume de la sienne : mais je ne puis me défendre d’un sentiment pénible, quand je vois les prêtres accourir aux cris de celui qui souffre, imposer un tribut au malheur, changer les larmes du cœur en pratiques vaines, et la confiance dans la miséricorde céleste, en superstition. Ainsi, déjà détournée de sa source, la religion touche au sacrilége et au fanatisme ; imaginer des miracles et les attribuer à l’intercession d’un saint, c’est rabaisser la nature divine ; c’est, quoi qu’on en dise, substituer des dieux à Dieu. Mais le but est visible pour qui veut le voir, il est de placer le ciel sur la terre. Dieu n’accorde rien directement, il faut employer des intercesseurs auprès de lui ; ces intercesseurs ce sont les saints ; mais les saints imitent le maître, ils n’écoutent point le vulgaire ;