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un monstre ; j’ai obéi à ta voix toute-puissante, j’ai versé le sang de mon père ; mais tu conduisais mon bras… tu l’as voulu. Quoi ! répliqua Gabrielle, en essayant de le regarder, et détournant aussitôt la vue ; vous osez paraître devant moi couvert du sang paternel, et vous vous dites Florestan ! Florestan était le plus tendre des fils comme le plus beau des mortels ; ce n’est pas lui que je vois, j’irai, j’irai de nouveau l’attendre ; je l’attendrai toute ma vie, dût-il n’arriver jamais.

Ces mots affreux le foudroyèrent, il frémit, il frappa de ses pieds désespérés la terre indignée, et se jetant aux genoux de la cruelle, il lui dit :

Gabrielle ! si tes yeux me méconnaissent, ton cœur ne m’a-t-il pas deviné ; pour moi, je t’ai vue partout où la gloire, la religion ou le malheur ont conduit mes pas. Jamais mes regards n’ont cherché, jamais ma pensée ne m’a rappelé, jamais mon cœur n’a désiré d’autre que