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brielle, il s’attendait à tout. Émilie le conduisit chez elle pendant l’obscurité de la nuit. Si les serfs avaient su que cette cabane renfermait leur seigneur excommunié ; Émilie, son père et leur cabane seraient devenus des objets d’horreur ; tel était l’empire de la superstition, qu’Émilie, elle même, servait son prisonnier sans oser toucher à rien de ce qu’il avait touché ; ses restes étaient jetés aux chiens, et l’on passait par le feu les assiettes dont il s’était servi. Le banc où il s’asseyait, le grabat où il couchait, furent destinés aux flammes. Il mangea quelque temps le pain de ces misérables serfs ; ils s’en privaient pour lui. La faim se peignait déjà sur leurs pâles figures, il ne se doutait pas encore de leur détresse ; il s’en aperçut enfin, et résolut de les délivrer du poids de son infortune.

D’ailleurs, il méditait un grand projet. Quoi ! se disait-il, c’est pour ces