Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/238

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m’ont fait violer les ordres du Ciel. Je suis chrétien, aujourd’hui seulement ; je le suis et je veux l’être ! Je quitte les armes, je renonce à la vengeance la plus légitime peut-être, et je jure de restituer, si je le puis jamais, ce que les miens et moi avons enlevé des mains de nos ennemis ; et toi, mon père, toi que mon bras égaré frappa sans te connaître, toi, qui m’entends du haut des cieux où ta vertu t’a placé ; chrétien sans fanatisme et sans erreur, philosophe sans préjugés, aujourd’hui seulement, je mérite le nom de ton fils ! Je ne suis plus moi ; je suis toi-même ; tes vertus m’éclairent et m’animent ; accepte le sacrifice de ma haine ; et rends-moi ton amour ! Tu vois cet empoisonneur, en reconnaissance de l’aumône accordée à sa misère, il a voulu m’arracher la vie ; eh bien ! j’oublierai son ingratitude, et déjà j’ai oublié ma colère ; ami, dit-il au moine, en lui ten-