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l’avaient aveuglé. Les destins, en le réunissant à sa fille au moment où ses pas avaient besoin d’un guide, semblaient avoir voulu, non le lui donner en effet, mais achever de lui ravir tout son courage en l’accablant de tant de malheurs à la fois.

Il est auprès de Laurette, il le sait, et Laurette semble le fuir ; il entend sa voix, et ne reconnaît point cette voix jadis si douce ; il appelle sa fille, et sa fille ne vient point, il la cherche des mains, et ne la touche point, et ses yeux refusent de l’instruire en quels lieux elle gémit et pleure ; car tout ce qu’il reconnaît d’elle, ce sont des gémissemens et des pleurs. Le cœur d’un père ne peut se méprendre à la douleur d’un enfant.

Affreuse destinée ! Arraché des bras d’une tendre épouse, chassé de sa patrie par le fanatisme, il est obligé d’aller verser, sous les drapeaux de ses ennemis,