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Moïse. Laurette, comme Marie, cessa d’être souillée, mais sans miracle ; alors elle osa s’approcher de son père, et lui prêter l’appui de son bras.

Le comte, instruit fidèlement par elle de ses aventures, crut n’avoir rien à lui pardonner ; la feuille d’automne, balottée par le vent, est-elle coupable d’être tombée de l’arbre, quand l’arbre s’est détaché d’elle ? Loin d’ajouter à son malheur, en lui reprochant des erreurs passées, il les excusait en les attribuant à des sentimens généreux dont un fourbe avait abusé ; ces douces paroles, et plus encore les soins qu’elle lui rendait, calmèrent le cœur et l’imagination de Laurette. Elle n’oublia point le bel Arabe, mais l’amour filial lui fit supporter la perte d’un autre amour ; elle obtint le seul bonheur digne d’elle, le seul qu’elle eût envié, le bonheur d’être utile à l’auteur de ses jours, et de lire à tout moment dans ses yeux fermés