Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XXI.

DES EFFETS DE L’ACCUMULATION SUR LES PROFITS ET SUR L’INTÉRÊT DES CAPITAUX.


D’après la manière dont nous avons considéré les profits des capitaux, il semblerait qu’aucune accumulation de capital ne peut faire baisser les profits d’une manière permanente, à moins qu’il n’y ait quelque cause, également permanente, qui détermine la hausse des salaires. Si les fonds pour le paiement du travail étaient doublés, triplés ou quadruplés, il ne serait pas difficile de se procurer bientôt la quantité de bras nécessaires pour l’emploi de ces fonds ; mais en raison de la difficulté croissante d’augmenter constamment la quantité de subsistances, la même valeur en capital ne pourrait probablement pas faire subsister la même quantité d’ouvriers. S’il était possible d’augmenter continuellement, et avec la même facilité, les objets nécessaires à l’ouvrier, il ne pourrait y avoir de changement dans le taux des profits et des salaires, quel que fût le montant du capital accumulé. Cependant Adam Smith attribue toujours la baisse des profits à l’accumulation des capitaux et à la concurrence qui en est la suite, sans jamais faire attention à la difficulté croissante d’obtenir des subsistances pour le nombre croissant d’ouvriers que le capital additionnel emploie. « L’accroissement des capitaux, dit-il, qui fait hausser les salaires, tend à abaisser les profits[1]. Quand les

  1. Il m’est impossible, à voir la persistance avec laquelle Ricardo cherche à établir l’antagonisme prétendu des salaires et des profits, et son impassibilité devant les démentis que l’expérience donne à son système, il m’est impossible, dis-je, de ne pas croire à une confusion dans les idées qu’il remue. Il a beau appeler Ad. Smith à son secours pour le sauver de la réalité qui le combat, il a beau se couvrir de mystères dans certains passages, distinguer entre les hausses momentanées et les hausses prolongées, entasser les observations, prétendre que chaque obole ajoutée aux salaires est une perte pour le manufacturier, nous faire chercher enfin dans les fanges du paupérisme les perles et le luxe du riche, il ne pourra