gnoroit pas combien elle étoit chère au Marquis, et pensoit lui devoir les mêmes égards qu’il auroit eus pour la sœur de M. de Clémengis.
Ernestine accepta ses offres de service, elle lui ouvrit son cœur, s’étendit sur les bontés du Marquis, sur la reconnoissance qu’elle en conserveroit toujours ; et remettant entre les mains de M. Lefranc, ses bijoux, ses pierreries, et plusieurs effets commerçables, elle le chargea de les vendre et d’en faire toucher l’argent à M. de Clémengis, sans jamais lui découvrir d’où il venoit. Ensuite elle le pria de s’arranger avec mademoiselle Duménil, pour emprunter sur sa terre, afin de grossir la somme, et lui recommanda la diligence et le secret.
M. Lefranc savoit qu’Ernestine devoit sa fortune à M. de Clémengis ; mais il ne savoit point de quels moyens il s’étoit servi en l’obligeant. Son billet lui persuadoit que cette fortune dépendoit du Marquis ; et son premier mouvement, en la voyant si affligée, avoit été de penser que, dans la circonstance présente, elle vouloit prendre des mesures avec lui sur ses intérêts.
Une surprise mêlée d’admiration, le rendit muet pendant quelques instans ; il regardoit Ernestine, portoit les yeux sur le dépôt qu’elle lui confioit, la regardoit encore, sembloit douter s’il ne se trompoit point. « Hésitez-vous à me servir, lui demanda-t-elle d’un air inquiet ! — Non, Mademoiselle, non, lui dit-il, je remplirai vos désirs, je les surpasserai peut-être ; soyez tranquille, je m’acquitterai fidèlement de l’emploi dont vous daignez me charger. Monsieur le Marquis a bien placé les affections de son cœur ; je