Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/263

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ment se produirait, cela nous amène à réfléchir à ce que vous nous dites concernant l’état de la province dans ses rapports avec les habitants français : la présence de ces derniers, de concert avec les hostilités commises par les Indiens, — voilà l’obstacle qui jusqu’ici a entravé la colonisation du pays ; et vous remarquez à bon droit que cet obstacle subsistera tant que les Français posséderont des places fortes et des établissements à Beauséjour, à Baie Verte et à St-Jean. Et encore que nous ne puissions pas nous former un jugement ni émettre une opinion définitive, au sujet des mesures qu’il pourra être nécessaire d’adopter à l’égard de ces habitants, avant que nous n’ayons soumis le cas, dans toute sa plénitude, à Sa Majesté, et reçu ses directions en l’espèce, cependant, il peut n’être pas inutile d’indiquer une ligne de conduite provisoire à tenir en la matière, jusqu’à ce que le bon plaisir de Sa Majesté nous soit connu.

« Nous espérions que la bonté que l’on avait montrée à cette population, en lui accordant le libre exercice de sa religion et la tranquille possession de ses terres, aurait pour effet de gagner graduellement son amitié et ses grâces et de la détacher de son affection pour les Français ; mais nous sommes chagrins de constater au contraire que cette douceur de procédés a produit si peu de résultats, que ces gens ont toujours la même attitude à l’égard des Français et à notre égard, qu’ils avaient avant l’établissement de la province, à tel point qu’ils continuent de donner à leurs compatriotes travail et provisions, qu’ils s’entendent avec eux et nous cachent les desseins qu’ils foraient ensemble.

« La proclamation que vous avez lancée, pour rappeler les habitants des districts des Mines et de Piziquid qui étaient allés travailler aux digues que les Français sont à faire construire à Beau Séjour, et le plan que vous aviez