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Belliveau ; Joseph Leprince, veuf de Anne Forest ; son frère Jean Leprince, veuf de Judith Richard ; leurs belles-sœurs, Isabelle Forest, veuve de Honoré Leprince, avec ses enfants et Félicité Bourgeois, veuve de Pierre Leprince avec une fille ; Madeleine Leblanc, veuve de Joseph Richard avec deux enfants ; Hélène Hébert, veuve de Grégoire Richard avec trois ou quatre enfants ; Amant Thibeau, etc., etc.

Enfin Joseph Michel, marié à Madeleine Comeau, et son frère Jean-Bte Michel ; Amant Guilbeau, veuf de Françoise Poirier ; Alexandre Guilbeau, veuf de Marguerite Girouard ; Élisabeth Breau, veuve de Pierre Aucoin ; Amant Richard, marié à St-Pierre en 1760 avec Marie Gaudet et Charles Chandonnay, marié à Cédile Bellefeuille, venant de la rivière St-Jean, appartiennent aussi à ce premier groupe de réfugiés acadiens.

On peut aussi considérer comme appartenant à ce groupe : Jean-Jacques Leblanc, marié à Marie Héon ; Pierre Arseneau, marié à Jeanne Héon ; Charles Héon, marié à Madeleine Lebauve et deux de ses frères, Pierre et Joseph Héon. Car la présence de ces Acadiens se constate à Champlain, en même temps que celle des autres à Bécancourt. Cependant, il n’y eut que Jean-Jacques Leblanc qui se fixa définitivement à Champlain. Comme il lui restait encore quelques épargnes quand il arriva en 1758, il y ouvrit un petit commerce qui prospéra si bien qu’il fut bientôt en état d’établir avantageusement ses quatre garçons, Étienne et Joseph dans le commerce, David et Amable dans l’Agriculture. Ses beaux-frères allèrent rejoindre leurs compatriotes à Bécancourt.

D’après une tradition conservée dans plusieurs de ces familles, ces Acadiens prétendaient être passés au Canada une couple d’années avant la dispersion générale de leurs compatriotes. Mais les recherches que j’ai faites pour déterminer l’année précise de leur immigration, m’ont convaincu qu’il y avait ici une erreur dans leur tradition. Le plus tôt qu’ils ont dû arriver à Bécancourt ne serait qu’au printemps de 1758 ; car la plupart de ces familles, atteintes de la petite vérole à leur arrivée au Canada, ont laissé dans le cimetière de Québec, du 27 novembre 1757 au mois de mars 1758, quelques-uns de leurs membres.

Toutes ces familles appartenaient donc au groupe que l’abbé Leguerne avait réussi à soustraire à la griffe du lion britannique, et dont il raconte lui-même les alarmes et les misères dans une lettre ou mémoire, trouvé dans les archives de la cure de Québec et publié en 1889 par Mgr C. O. Gagnon. Évidemment la conviction qu’avaient ces Acadiens d’être passés au Canada avant la dispersion générale de leurs compatriotes, venait tout simplement de ce qu’ils avaient devancé plusieurs de leurs parents et de leurs connaissances qui, s’étant d’abord réfugiés à l’île St-Jean, en furent proscrits de nouveau en 1758, par les gouverneurs d’Halifax, après la prise de Louisbourg. Ce sont ces proscrits de l’île St-Jean et surtout les déportés aux colonies anglaises qui vinrent les rejoindre quelques années plus tard, notamment en 1767.