nements prouvèrent que ces prévisions étaient justes. Mais alors Lawrence n’avait pas encore formé son sinistre projet ; il parlait et agissait avec une certaine candeur, — si une telle qualification peut s’appliquer à un être de son espèce. Hopson ne revenant pas, Lawrence va lui succéder[1]. Tout change ; il conçoit le projet de déporter les Acadiens ; il se trace une manière d’opérer à cette fin, et il la suit résolument. Cette manière consiste d’un côté : à représenter les Acadiens sous un jour de plus en plus défavorable, à les molester et à les persécuter dans le but de les pousser à des actes d’insubordination qui lui fourniraient des prétextes à sévir contre eux ; de l’autre, à préparer graduellement les Lords du Commerce à l’acceptation de son projet, ou plutôt du fait accompli ; car il se rend fort bien compte qu’à moins de circonstances extraordinaires, il n’obtiendra jamais leur acquiescement. Il aborde timidement le sujet : « … Aussi longtemps qu’ils, (les Acadiens en général, et non seulement ceux qui se sont réfugiés à Beauséjour) resteront sans prêter serment à Sa Majesté, — ce qu’ils ne feront jamais à moins d’y être forcés, — et qu’ils auront parmi eux des prêtres français pour semer l’esprit de révolte, incendiary French priests, il n’y a aucun espoir de les voir
- ↑ Whitehall. Le 4 avril 1754. Lords du Commerce à Lawrence. « Il nous
paraît nécessaire pour le service de Sa Majesté que vous soyez nommé lieutenant
gouverneur de cette province, et nous demanderons bientôt à Sa Majesté
de vous octroyer une commission vous confiant cette charge. Le colonel Hopson
nous ayant fait entendre qu’il n’a pas l’intention de reprendre ses fonctions,
nous recommanderons en même temps que le traitement octroyé par sa
Majesté au commandant en chef vous soit accordé… »
A. C. Gén. etc. P. 116. — Can. Arch. (1894) B. T. N. S. vol. 36. P. 15.
Ibid. Halifax. Oct. 14, Lawrenee to Lords of Trade. His commission as lieut-governor received. — (H. 263. B. T. N. S. Tol. 15.)