Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/130

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basse flatterie » dont il s’était servi avec succès auprès de ceux qui pouvaient lui être utiles, n’allaient plus lui suffire. Le peuple, qui n’avait pas compté à ses yeux, entrait tout à coup en scène. Il avait donc raison de craindre de là part de cette assemblée la mise à nu de ses iniquités. Lawrence était roué, habile, plein de ressources, mais la nouvelle tâche qui lui incombait était énorme ; il lui faudrait adoucir, apaiser ceux qu’il avait écrasés de son dédain ; au lieu du pouvoir absolu qu’il avait rêvé d’exercer, il ne lui resterait plus que des bribes d’autorité ; et encore, pour conserver ces fragments, il lui faudrait les disputer un à un, et s’exposer par là à de nouveaux dangers.

Sa lettre aux Lords du Commerce, après l’élection des représentants du peuple, laisse percer ses appréhensions.

« Halifax, 26 septembre 1758.

« Comme le jour fixé pour la réunion de l’Assemblée approche, j’espère pouvoir transiger avec son aide autant d’affaires qu’il est nécessaire pour le présent, sans que soit trop retardé pour moi le moment de rejoindre l’armée, ainsi que j’en ai reçu l’ordre du général… »

« J’espère que je ne rencontrerai chez aucun des membres de disposition à embarrasser ou à entraver le service de Sa Majesté, ou de tendance à mettre en question les prérogatives royales : je remarque cependant qu’un trop grand nombre de ceux qui ont été choisis ne se sont pas distingués par un zèle à promouvoir l’union et l’obéissance au gouvernement de Sa Majesté en cette province[1] … »

  1. N. S. D. Akins P. 728. Dans sa citation de cet extrait de lettre, Richard intervertit l’ordre des paragraphes. Nous l’avons rétabli.