Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Dieu des vengeances, le Dieu terrible, se transforme pour elles en un Dieu d’amour et de miséricorde. De cruels qu’ils étaient, les hommes s’humanisent de plus en plus : nous entrons dans l’ère des idées humanitaires qui sont à la base du christianisme.

Pour en revenir à Parkman, voilà ce qu’il ne paraît pas avoir compris. Il en est resté au progrès matériel pur, gardant une affection marquée pour tout ce qui a précédé et comme pour tout ce qui suivra ses idées bien arrêtées. Il paraît haïr tout autant « l’humanitarisme » et le « sentimentalisme » que le « médiévalisme », c’est-à-dire qu’il englobe dans le même mépris le passé et l’avenir. Il retarde sur les véritables aspirations de son époque, tout comme les Acadiens retardaient sur leur temps, avec cette différence essentielle que l’intérêt supérieur de la morale était pour ceux-ci le motif déterminant de leurs actions, tandis que Parkman est trop absorbé par l’idée du progrès matériel pour s’occuper du progrès moral et tout particulièrement de la diffusion des pensées humanitaires.

Il est des hommes qui s’intéressent à toutes les formes de progrès, surtout au progrès d’un ordre élevé ; il en est d’autres pour qui l’ordre moral est tout, et le reste rien, c’est-à-dire qu’ils ne voient pas la corrélation qu’il y a entre l’ordre physique et l’ordre moral ; il en est enfin pour qui le progrès matériel constitue à peu près le tout de la vie. Parkman semble appartenir à cette dernière catégorie. Il se pâmerait d’aise devant un nouveau procédé qui ferait que l’on prendrait trente secondes de moins pour convertir un porc en saucisson. Le gaz du docteur Ox, qui avait pour propriété d’infuser une activité prodigieuse à la machine humaine, mettrait probablement le comble à ses désirs. Sa bête noire