Au sujet de ce fait, — la dislocation des foyers, — ne mentionnons d’abord que les preuves de nature publique, preuves qui étaient à la portée de Parkman tout autant qu’à la nôtre. L’on a vu que Lawrence avait fait emprisonner dans l’Ile St-Georges, en face de Halifax, les députés de Grand-Pré et de Pigiquit qui avaient refusé de prêter le serment : ils étaient au nombre de quinze ; l’on a vu également que ceci fait, le gouverneur enjoignit aux habitants d’Annapolis, de Grand-Pré et de Pigiquit, de lui dépêcher des délégués : il y en eût cent, dont soixante-dix pour ces deux derniers endroits, et trente pour Annapolis, — en tout cent quinze, choisis parmi les principaux citoyens, et probablement tous chefs de famille[1]. Leur culpabilité ne différait en rien de celle du reste de la population : ils avaient refusé de prêter le serment, et c’était tout. Or, quel fut le sort infligé à ces cent quinze représentants ? L’ordre suivant va nous le dire :
« Ordre d’appareiller et instructions à Samuel Barron, capitaine du Transport Providence. »
« Monsieur,
« Vous devrez recevoir à bord de votre vaisseau un certain nombre d’habitants français qui se trouvent à l’Ile St-Georges. L’officier commandant de ce poste vous en remettra la liste. Et vous devrez faire voile vers la province de la Caroline du Nord. Dès votre arrivée en cet endroit, vous
- ↑ Cf. Notre tome II. ch. XXVII.