Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/281

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Lawrence. Le nombre des Acadiens qui cherchèrent refuge dans cet asile fut d’abord peu considérable. Comment des familles déjà désunies auraient-elles pu se décider à fuir en masse dans une direction qui les éloignait davantage de leurs proches, jetés sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre ou cachés dans les forêts du Nouveau-Brunswick ? Les événements prouvèrent cependant que celles qui s’y déterminèrent avaient agi le plus sagement. Sous le rapport du brisement des liens familiaux, leur situation ne fut ni meilleure, sans doute, ni pire non plus, que celle de l’ensemble des proscrits ; et, en très peu d’années, dans cette nature exubérante, elles purent se refaire une modeste aisance, jouir d’une liberté et d’une tranquillité, qui firent défaut, et pendant si longtemps, à tant d’autres. De 1765 à 1788, surtout de 1780 à 1788, elles furent renforcées par 3, 000 compatriotes venus de Saint-Domingue, de la Guyane, des ports de la Nouvelle-Angleterre, et particulièrement de la France.

La première colonie acadienne fut fondée sur le Mississipi même, près de Bâton Rouge ; mais ceux qui vinrent ensuite poussèrent leurs établissements dans l’intérieur, aux Attakapas et aux Opelousas, où ils forment des groupes importants et prospères. Là, ils se sont adonnés principalement à l’élevage du bétail par troupeaux immenses : ils ont conservé leurs coutumes, leurs traditions, leur langage avec une fidélité qui les fait reconnaître au premier coup d’œil. Plusieurs de leurs descendants se sont élevés à des positions importantes. Nous citerons, en passant, Alexandre Mouton, qui siégea longtemps au Sénat des États-Unis et devint gouverneur de la Louisiane. Son fils, le général Mouton, fut tué à la tête de son régiment, tout composé d’Aca-