Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/293

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en certains endroits, et de la part de certaines autres classes de la société. Le sort de ces malheureux se trouva donc allégé de ce chef, mais rien ne pouvait les consoler de se voir séparés, ni rendre tolérable une situation qui n’admettait plus de remède, à ce point de vue.

Étrange destinée des choses humaines ! Ce petit peuple avait été accablé de tous les malheurs sous un simple prétexte de déloyauté ; et les derniers Acadiens n’avaient pas encore quitté Boston que l’étendard de la révolte flottait au-dessus de cette même ville. Chose plus surprenante encore, la même population qui avait eu à garder ces prétendus rebelles acclamait comme des sauveurs les soldats de la France, tandis que ceux qui ne voulaient pas se montrer déloyaux envers leur souverain britannique prenaient le chemin de l’exil, pour se réfugier sur les terres abandonnées de force par les mêmes Acadiens.


« Washington venait à peine d’arriver aux quartiers généraux de la Révolution, à Boston, dit Philip H. Smith, quand il s’aperçut que des préparatifs avaient été faits pour brûler le Pape en effigie. Son ordre mémorable du 5 novembre eût pour effet de mettre fin à la coutume « d’insulter à la religion de frères et collaborateurs ». Lorsque la flotte française parût devant Newport, Rhode Island, afin d’aider à la cause des coloniaux, la législature se hâta de rappeler une loi insérée dans ses Statuts, défendant sous peine de mort à tout catholique romain de mettre le pied sur le sol de cet État. À Boston, un cortège funèbre traversa les rues, précédé d’une croix, et comprenant des prêtres qui chantaient solennellement ; et l’on vit des commissaires du Boston puritain se joindre à la cérémonie,