Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/396

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recensement, et de les faire passer en France, nous donne une idée de l’étendue de leurs malheurs et de la mortalité. Décimés pendant le trajet de l’Acadie à la Virginie, de la Virginie en Angleterre, ils le furent encore pendant leur séjour à Liverpool, Southampton, Peryn, Bristol, etc., etc. Ainsi, après huit ans de captivité, malgré les naissances, nous voyons que leur nombre était réduit de plus d’un tiers : « Dispersés, disait M. de la Rochette, dans tous les ports de ce royaume, un grand nombre y périrent de misère et de chagrin. Trois cents avaient abordé à Bristol où ils n’étaient point attendus ; ils passèrent trois jours et trois nuits sur les quais de la ville, exposés à toutes les injures de l’air, et c’était en hiver. On les enferma à la fin dans quelques édifices ruinés, où la petite vérole en fit périr une grande partie. » Il se rendit ensuite à Liverpool, où il se présenta à leurs quartiers et leur fit part de sa mission : « Les larmes, dit-il, succédèrent aux premières acclamations. Plusieurs semblaient entièrement hors d’eux-mêmes ; ils battaient des mains, les levaient au ciel, se frappaient contre les murailles et ne cessaient de sangloter. Il serait impossible de décrire tous les transports auxquels ces honnêtes gens s’abandonnèrent ; ils passèrent la nuit à bénir le roi et son ambassadeur, et à se féliciter du bonheur dont ils allaient jouir. Ils étaient arrivés à Liverpool au nombre de trois cents trente-six, et ils sont réduits aujourd’hui à deux cent vingt-quatre. »

À Southampton, ils étaient réduits à deux cent dix-neuf de trois cent quarante qu’ils étaient à leur débarquement, et la proportion était la même dans les autres ports.

Avec ceux qui y étaient déjà, le nombre total des Acadiens en France, après la paix, et après le retour de ceux