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cier mieux que jamais la pureté et la noblesse de ce sang des confesseurs de la foi de 1755 qui coule encore dans mes veines, je suis fier de me dire Acado-canadien,


LE PREMIER RICHARD ACADIEN


Nous avons dit que la Saintonge avait donné plusieurs Richard au Canada, c’est aussi probablement de cette province de France qu’était originaire le premier acadien de ce nom, Michel Richard, dit Sans Soucy, venu avec l’expédition Le Borgne et Guilbeau en 1654 et arrivé à Port-Royal tout juste pour être témoin de la prise de la place par Robert Sedgwick, 16 août 1654.

Michel Richard était alors un jeune homme de 24 ans, dans toute la vigueur de l’âge, qui venait chercher fortune sur la terre d’Amérique, mais en n’y apportant que la force de ses bras. Il se mit immédiatement à l’œuvre en travaillant au défrichement d’une terre que lui concéda le nouveau seigneur Le Borgne dont les Anglais avaient reconnu les titres de propriété.

Bientôt il voulut se marier, mais les filles françaises étaient rares dans la colonie ; et, dans les quelques familles établies à l’Acadie, depuis un peu plus longtemps, celles qui arrivaient à l’âge de puberté trouvaient vite à se marier. Regardant donc autour de lui, Michel Richard vit que la petite Madeleine Blanchard, fille de Jean Blanchard et de Radégonde Lambert, qui arrivait à sa douzième année, pourrait bientôt lui faire une bonne compagne. En effet, il célébrait son mariage au plus tard vers 1656 ; car au recensement de 1671, l’aîné de ses fils, René, est déjà âgé de 14 ans.

Ce même recensement fait constater que Michel Richard, arrivé à peine à 41 ans, était devenu un des habitants les plus aisés de Port-Royal par le nombre d’arpents qu’il a mis en valeur, 14 ; et par le lot d’animaux qui remplissait ses étables, 15 bêtes à cornes et 14 moutons.

Autour de sa table se rangeaient déjà sept ou huit enfants, savoir :

René, né en 1657, âgé de 14 ans ;

Pierre, né en 1661, 10 ans ;

Catherine, née en 1663, 8 ans ;

Martin, né en 1665, 6 ans ;

Alexandre, né en 1668, 3 ans ;

Marie-Anne et Madeleine, jumelles, nées en 1671.

Le bonheur et l’aisance commençaient à sourire à cette famille qui continua à se développer par la naissance de nouveaux enfants : Marie, née en 1674 ; Cécile, née en 1676 ; Marguerite, née en 1679. Mais la mort prématurée de M.-Madeleine Blanchard qui dut quitter cette terre vers l’an 1679, alors qu’elle n’avait même pas encore atteint sa quarantième année, vint plonger cette famille dans le deuil et couper court à ses progrès. Durant son veuvage qu’il prolongea plus de trois ans, Michel Richard s’occupa activement de l’établissement de ses fils.