Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/55

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effet, répugner à Lawrence de s’appesantir sur les faits, car alors il aurait eu à exposer ses odieux procédés, lesquels n’avaient cependant provoqué, de la part des Acadiens, qu’une soumission complote, et ceci eût été de nature à ouvrir les yeux des autorités ; il aurait eu à expliquer que les Acadiens n’avaient ni armes, ni bateaux, et que par conséquent ils étaient impuissants à troubler la paix, l’eussent-ils d’ailleurs voulu. Mais passons outre sans plus de commentaires. Le lecteur en sait déjà assez pour constater sans notre assistance combien est insidieuse cette lettre qui, prise telle qu’elle est, ne contient rien qui soit propre à justifier la déportation, ni même aucune autre mesure d’expulsion.

La lettre suivante des Lords du Commerce à Lawrence, en date du 25 mars suivant, (1756,) complète la correspondance à ce sujet, pour autant que nous la connaissons[1] :

    d’une bonne longueur, deux pages compactes. Ainsi qu’on a pu s’en rendre compte dans notre texte, les détails n’y sont pas si maigres que cela. D’ailleurs, Lawrence réfère à sa lettre du 18 octobre, et aux minutes du conseil y incluses, exposant par le menu les délibérations et les considérants d’où l’on avait conclu à la déportation. Il nous semble donc plutôt que Lawrence a beaucoup écrit et s’est beaucoup appesanti sur les faits, mais en les expliquant à sa façon, en les dénaturant et en les corrompant, et en accumulant contre les Acadiens des charges qui étaient pures calomnies.

  1. Ce n’est qu’un extrait, tel qu’il se trouve dans Akins, p. 298, sous la rubrique : Extract from Letter Lords of Trade to Governor Lawrence, dated Whitehall, March 25th, 1756. — La dite dépêche est analysée assez au long dans Can, Arch. (1894) P. 208-9. B. T. N. S. vol. 36. P. 273. Elle commence par informer Lawrence d’une nouvelle qui n’a pas dû lui être désagréable : «  He has been appointed captain General of Nova Scotia ; commission and instructions are sent. » Ceci n’indique pas non plus que le gouvernement de la Métropole, Roi et ministres, étaient trop mécontents de son administration, puisqu’on le portait au pinacle ! C’était dès le 18 décembre précédent qu’un ordre en conseil portant le sceau de St-James (Id. Ibid. I. 1 B. T. N. S., vol. 16), avait nommé Lawrence gouverneur-en-chef de la Nouvelle-Écosse, et le même jour cet ordre avait été transmis au Roi ; et le 22 suivant, il y a l’entrée ci-dessous :