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« Les Français qui sont établis dans la péninsule et sur les bords de la rivière qui arrose Port-Royal sont les anciens colons qui se sont beaucoup multipliés depuis la cession de la Province à la Couronne Britannique. À l’époque de cette cession, il fut stipulé en leur faveur qu’ils avaient le choix entre continuer à demeurer dans le pays, à la condition de changer d’allégeance, ou en partir après avoir disposé de leurs immeubles et effets à leur plus grand avantage : le délai d’un an leur était accordé pour prendre une décision. Mais, à l’expiration de ce délai, voyant que leurs nouveaux maîtres n’étaient pas en mesure de les forcer à se prononcer soit dans un sens soit dans l’autre, les Acadiens sont restés sur leurs terres au mépris du gouvernement, attendant l’occasion d’une rupture entre les deux Couronnes pour restaurer l’ancienne autorité, intriguant sous mains avec les sauvages pour les inciter au pillage et au meurtre, à la destruction du commerce[1]… » Philipps ne connaissait rien personnellement des empêchements dont nous avons parlé. Ses seules sources d’informations avaient pu être dans les témoignages de Vetch, Caulfield, Doucett et autres officiers de la garnison. Mais ces témoignages étaient plus que douteux, étant donné que ces messieurs n’étaient pas empressés de s’accuser de leurs propres fourberies. L’on peut juger du crédit que méritent les déclarations de Philipps par la peine qu’il prend de défigurer le traité qu’il avait sous les yeux. L’on se souvient que ce traité donnait aux Acadiens le droit d’emporter avec eux, en cas de départ, leurs effets mobiliers, leurs bestiaux,

  1. Letter of R. Philipps to the Right Hon. the Lord Carteret, His Majesty’s Principal Secretary of State — sans date. — Archives de la Nouvelle Écosse, p. 18-19.