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de les détourner de correspondre secrètement avec les Canadiens, en vue de nous trahir ; quant à la génération suivante, nous aurons ainsi chance qu’elle se compose de vrais sujets protestants[1]… »

Et c’était lorsque les pauvres Acadiens avaient résisté à toutes les séductions, et que, par leur concours et par le respect de leur neutralité, ils avaient sauvé l’Acadie des mains de la France, que Shirley proposait, comme récompense, de les fondre dans l’élément anglais et protestant !…

Quatre semaines après la lettre ci-haut, le gouverneur du Massachusetts, pour amortir les craintes que ses étranges déclarations avaient causées aux Acadiens, écrivait en ces termes à Mascarène :


« Monsieur,

« Ayant été informé que les habitants français de la Nouvelle-Écosse prêtent au gouverneur anglais le dessein de les chasser de leurs terres, eux et leurs familles, pour les déporter en France ou ailleurs ; je vous prie, (si vous croyez que cela soit pour le service de Sa Majesté), de vouloir bien leur signifier qu’au cas où Sa Majesté aurait eu une pareille intention, il est probable que j’en aurais été informé : or, rien d’approchant ne m’a été communiqué, et je reste persuadé que leurs appréhensions sont sans fondement. Et veuillez leur persuader que je m’efforcerai de mon mieux auprès de Sa Majesté, pour qu’elle continue de donner sa faveur royale et sa protection, à tous ceux d’entre

  1. Public Rec. Office. America and West Indies. Shirley to Newcastle, 15 august 1746. (20) A. C. (1881-84). Sess. Papers (No. 14) 47 Victoria. A. 1884, p. 29.