Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/382

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 350 ]

répudier un projet que, littéralement, il n’avait pas formé, à savoir, chasser les Acadiens de la péninsule. Ceux-ci ne laissèrent cependant de continuer à avoir des inquiétudes : rassurés sur un point, ils avaient des raisons de ne pas l’être sur d’autres. Aussi, le 21 novembre de cette même année 1746, Shirley écrivait-il à nouveau au duc de Newcastle pour l’informer que sa lettre aux Acadiens n’avait pas eu pour effet de calmer leurs appréhensions :

« … Votre Grâce jugera, en particulier d’après la lettre du colonel Gorham, combien les habitants de la Nouvelle-Écosse s’effraient à la pensée de se voir peut-être chassés de leurs terres… je me permettrais de proposer que Sa Majesté voulût bien faire signifier le plus tôt possible à ces habitants que les assurances, qui leur ont été données récemment par moi, de sa faveur royale, ont reçu son approbation, et seront mises à exécution : l’intervention de Sa Majesté dissiperait les craintes qu’ils éprouvent d’être bannis de la Nouvelle-Écosse, eux et leurs familles… Ceci (à savoir : fortifier le port de Chebucto et construire aux Mines un fortin pouvant contenir cent cinquante hommes, etc., etc.,) aurait pour résultat de consolider la Province : cette œuvre de consolidation aurait d’autant plus de chances de durer que l’on ferait venir en même temps des ministres français, que l’on ouvrirait des écoles anglaises, et que l’on accorderait des privilèges spéciaux à ceux qui passeraient au protestantisme. J’ajoute que l’on devrait, du moins dans quelques années, défendre l’exercice public de la religion catholique romaine, refuser aux fidèles romains l’entrée du pays, et cela sous des peines sévères…

« Juste comme je venais de finir ce dernier paragraphe, l’on m’a remis une lettre du gouverneur Knowles à l’amiral Warren et à moi-même, en date du 10 de ce mois, dans