Page:Richard - Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard.djvu/210

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Hélas, pressé du temps et oppressé du compte,
Je meurs et ne saurai rendre compte du temps,
Puisque le temps perdu ne peut entrer en compte.

A peu de distance, et aux trois quarts cachée par des cyprès et autres arbustes, est une pierre tumulaire, consacrée à la mémoire de M. Ouvrier, décédé le 29 décembre 1819, à l’âge de 63 ans. Sur cette pierre, on a gravé les vers suivans :

O le plus digne père,
Adieu ! ton corps appartient à la terre.
Du céleste séjour si tu vois nos regrets,
Veille sur nous ; tes enfans et leur mère
Viendront en tous les temps honorer ta poussière ;
Car tes vertus ne s’oubliront jamais.
Chère ombre, unique objet d’un amour aussi tendre,
Reçois ce dernier vœu qui s’adresse à ta cendre.

Toujours dans la même division, mais presque sur le bord du chemin qui la sépare de la 53e, repose madame Cosson, ravie à ses enfans, le 26 avril 1820, âgée de 58 ans. On a consacré à sa mémoire les vers que voici, dont le sentiment forme le principal mérite :

Mère sensible, épouse vertueuse,
Tu méritais un autre sort :
Après le long tourment d’une vie orageuse,
Tu n’as donc de repos que celui de la mort.
Mais si de tes enfans les sanglots confondus,
Si les pleurs d’un époux peuvent se faire entendre,
Dans ce froid monument ou repose ta cendre
Tu recevras encor le prix de tes vertus.

Enfin nous ne quitterons pas cette Division, sans, citer une colonne ou pierre, surmontée d’une croix, et sur laquelle on a gravé cette date, 1er juin 1820, sans aucune indication de personnage. On y a joint cette phrase assez expressive :

Depuis je n’ai connu le bonheur.

Une simple pierre, déjà noircie par le temps et couverte d’une herbe épaisse et de ronces, cache