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du Chev. Grandisson.

lui dit-elle, si vous pouvez vous pardonner à vous-même. Il trouva cette réponse un peu sévere. Sir Thomas avoit raison ; car elle étoit juste. La bonté de Mylady Grandisson étoit fondée en principes, sans aucun mêlange de servilité & de foiblesse. Loin les airs sérieux, reprit-elle, en l’embrassant. Votre question marque elle-même que vous croyez avoir quelque chose à vous reprocher. Pas une ligne de votre main depuis six mois ! Mais je vous revois en bonne santé, toutes les inquiétudes que vous m’avez causées sont oubliées… Puis-je dire que j’ai vécu sans inquiétude ? Je vous plains, ajouta-t-elle, de mille plaisirs que vous avez perdus dans une si longue absence. Venez ; ou plutôt, que les chers Nourrissons paroissent à ce moment, pour recevoir la bénédiction de leur Pere. Quelles délices, de voir l’aurore de leur raison ! Leurs progrès passent mes espérances. De quelle satisfaction vous êtes-vous privé par ces longues absences ?

Miss Grandisson me fait presser de descendre. Qu’elle m’accorde quelques momens. Le charme du sujet m’arrête. Qui ne seroit pas tenté, ma chere Lucie, de se voir à la place de cette femme à demi-méprisée, de cette respectable Mere ; en un mot, d’être Mylady Grandisson !

Une réflexion, chere Miss Charlotte ; je ne vous demande que le tems de faire une réflexion, avant que de quitter ma plume.