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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/263

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du Chev. Grandisson.

sur l’amour, sujet favori des jeunes filles, la petite créature a donné son opinion sans en être priée, & n’a pas manqué de babil pour son âge. Ordinairement, elle parle moins qu’elle n’écoute. J’ai dit à l’oreille de Miss Grandisson ; ne trouvez-vous pas, Mademoiselle, que Miss Jervins parle plus qu’à l’ordinaire ? C’est ce qu’il me semble, m’a répondu cette bonne Ame, à qui rien n’échappe. Pardon, Charlotte, ai-je ajouté un peu malicieusement. Je vous l’accorde, a-t-elle répliqué du même ton. Mais laissons-la babiller à son aise. Elle n’est pas souvent de cette humeur-là. J’aime beaucoup Miss Jervins, ai-je repris ; mais je m’apperçois que ses habitudes changent ; & dans ces tems critiques, je crains toujours que les jeunes personnes ne s’exposent. Miss Jervins, qui nous a vu parler secrettement, a dit d’un ton plus décisif que jamais, qu’elle n’aimoit point les chuchoteries, mais qu’étant sûre que son Tuteur l’aime & que nous l’aimons aussi, elle avoit le cœur tranquille. Le cœur tranquille ! Qui pensoit à son cœur ? Et son Tuteur l’aime ! Émilie ne viendra point avec moi, ma chere.

19 Mars au matin.

Ô Lucie ! nous sommes ici dans une vive alarme pour Miss Jervins, à l’occasion d’une Lettre de Sir Charles au Docteur