Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
du Chev. Grandisson.

Londres. Ce sont deux petites Provinciales, qui n’ont été formées dans mes terres, qu’aux soins intérieurs du ménage : je n’aime point que les filles pensent au mariage, avant que d’avoir cessé de croître. Une femme trop jeune fait une mere vaporeuse. Je ne me souviens pas trop de leur âge ; mais elles sont encore bien loin des vingt-six ou vingt-huit ans, qui me paroissent l’âge convenable pour les filles sages & modestes.

Mylord fut extrêmement surpris ; & ce n’étoit pas sans raison. Sir Thomas avoit oublié, suivant la remarque de Mylady L…, qu’il n’avoit pas cru lui-même Miss W. trop jeune à dix-sept ans, pour en faire Mylady Grandisson.

Mylord étoit un jeune homme fort sage. Il demandoit, comme en grace, une jeune personne qu’il aimoit éperdument ; & cette demande, il la faisoit au Pere de sa Maîtresse, homme qui savoit le monde, qui y faisoit depuis long-tems une figure considérable, & qui n’avoit, pour lui refuser sa fille, que les raisons qu’il auroit toujours eues, s’il avoit assez vécu pour la voir à l’âge de quarante ans. Cependant Mylord ne fit valoir que sa passion, & les excellentes qualités de Miss Caroline, qu’il avoit eu le tems de reconnoître. Il parla modestement des siennes, & de l’étroite liaison qu’il avoit eue avec son Fils ; sans toucher le moins du monde à son origine, à ses alliances, qu’un autre Amant de la même distinction n’auroit pas