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Histoire

lui ai-je dit. C’est ce que j’ignore, m’a-t-elle répondu. Je me fie donc, ai-je repliqué, à votre bon naturel : je souriois d’admiration, pour les charmans progrès que notre Charlotte a faits depuis ce tems-là. Ô la malicieuse fille ! s’est écriée Miss Grandisson : mais elle paroît avoir oublié que je lui en dois déja beaucoup. Le trait est fort bon, a repris Mylady. Cependant je dois cette justice à Charlotte, qu’elle a toujours eu le même feu que vous lui connoissez, excepté sous les yeux de son Pere.

Mais je veux joindre, a continué la Comtesse, quelques mots à son dernier récit. Mon Pere nous retint, jusqu’à ce qu’il eût lu le billet de Mylord, qu’il n’avoit point encore ouvert, & qu’il n’ouvrit alors, ou je suis trompée, que pour y trouver l’occasion de nous faire quelque reproche. Cependant, j’en fus quitte à meilleur marché que je ne l’avois appréhendé ; car je n’avois pas vu moi-même cet important Billet.

Vous ne serez pas fâchée, chere Lucie, que je vous le transcrive, sur l’original même que la Comtesse m’a laissé ce soir, en nous retirant.

« Permettez, Monsieur, que j’emploie ma plume, par la seule raison qu’elle pourra vous être plus agréable que ma présence, pour vous remercier, du fond du cœur, de tous les témoignages de bonté & d’amitié que j’ai reçus de vous, dans un mois de séjour que j’ai fait au