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gueux des champs

En attendant, chacun s’en va de son côté.
Les petits prennent leur baluchon sur l’épaule
Et mettent leurs sabots au bout garni de tôle.
Et quand la mère, avec des sanglots dans la voix,
A baisé le dernier une dernière fois,
Ils partent, se tenant par la main, d’un air grave.
L’aîné siffle un refrain pour paraître plus brave ;
Mais il sent de gros pleurs lui rouler dans les yeux.
Il ne pleurera pas ; car c’est lui le plus vieux,
Car le long des chemins voici qu’ils sont en marche,
Et l’enfant de douze ans devient un patriarche.