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IV
la chanson des gueux

plairont, à coup sûr, ces coquines signées Grévin ; mais tu avoueras sans doute avec moi que leurs genoux provoquant ne pouvaient manquer de rendre écarlate celui de notre respectable moraliste.

N’importe ! Passe en souriant, et, pour te punir de tes velléités polissonnes, avale d’un bout à l’autre le sermon où il est péremptoirement et doctoralement proclamé que je suis un piètre écrivain et un malhonnête homme. Tu en tireras au moins cet enseignement profitable, à savoir qu’il faut empêcher tes enfants de faire des vers, puisque cela conduit à être ainsi vilipendé, traîné dans la boue, dénoncé comme un malfaiteur, et transformé finalement en gibier de prison.

À vrai dire, comme je serais désolé que tu empêchasses un poète d’éclore pour illustrer ton nom, je dois te confesser que ces conséquences terribles ne laissent pas d’être, en somme, fort anodines, et qu’on n’est pas plus infâme qu’il ne faut pour avoir essuyé de telles insultes. Force braves gens ont passé par là, qui ne s’en portent pas plus mal. Moi-même, ainsi que tu peux le constater, je n’en ai pas conservé la moindre peine. Je t’en parle sans fiel, sans me poser en martyr. Et de quoi diable me plaindrais-je ? Il y