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la mer


Ainsi naissent les champs dorés par les moissons
Et tes bois pleins de fleurs, de nids et de chansons.

Ainsi, te bénissant, toute ta géniture
Trouve dans ton giron le gîte et la pâture.

Ainsi le plus aimé de tous tes Benjamins,
L’homme, dans tes trésors peut prendre à pleines mains.

Que d’autres soins encor j’ai pour lui, plus vulgaires,
Mais sans quoi, lui qui s’en croit tant, ne serait guères !

N’est-ce pas moi qui fais de mon poids rassemblé
Se mouvoir les moulins qui farinent son blé ?

Plus forte que cent bras brandis par cent échines,
N’est-ce pas ma vapeur qui trime en ses machines ?

Mais de ces bienfaits-là tes regards sont témoins.
Il en est d’autres, plus secrets, que tu sais moins.

Mes brumes, que le vent roule de son haleine,
Enveloppent ton corps comme un manteau de laine.

Grâce à lui, la chaleur indispensable au sol
Vers l’espace attirant ne peut prendre son vol.

Grâce à lui, le soleil de son feu qui t’accable
Modère, tamisé, l’incendie implacable.