Page:Richepin - La Mer, 1894.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
les litanies de la mer


Et repart plus allègre au but qui la réclame,
Travaux, rêves, pensers, amours, ambitions,
Pareille au chevalier qui voyait l’oriflamme.

Las du combat, blessés, vaincus, nous languissions.
Mais te voilà, Santé des infirmes. Alerte !
Plus de lâches repos ! Plus d’hésitations !

Recommençons la lutte, et, fût-ce à notre perte,
Marchons ! S’il faut périr, nous périrons debout.
On entend le clairon et la lice est ouverte.

L’espoir gonfle mon cœur. Mon œil luit. Mon sang bout.
Parmi les rangs épais je taillerai ma route.
Le combat sera long ; mais la gloire est au bout.

Et si la gloire doit me faire banqueroute,
Si le but se dérobe à mes assauts chercheurs,
C’est près de toi qu’ira mon orgueil en déroute ;

Près de toi, pour calmer sa fièvre à tes fraîcheurs,
Pour pouvoir de ton sel panser sa cicatrice,
Près de toi, près de toi, Refuge des pécheurs,

Solitude pour les vaincus réparatrice,
Béquille soutenant les espoirs sans ressort.
Mort des remords, tombeau des pleurs, Consolatrice

Des affligés, retraite à l’éclopé qui sort
De la bataille après la dernière trouée,
Ligne de sauvetage aux naufragés du sort