Page:Richer - Anatomie artistique, 1.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
MORPHOLOGIE.

dans le jeu musculaire, joue un rôle très important et sur lequel on a peu insisté jusqu’à présent. Ainsi, par exemple, lorsque la tête est penchée en avant, le centre de gravité déplacé tend à l’entraîner dans ce sens, et ce mouvement, qui n’est autre chose que la flexion, se produit sous l’influence seule de la pesanteur. Pour empêcher la chute complète de la tête en avant, la contraction des muscles extenseurs devient, alors nécessaire. Il en résulte ce fait paradoxal en apparence : mouvement de flexion et contraction des extenseurs. Mais si un obstacle est apporté au mouvement de flexion, s’il doit vaincre l’action de la pesanteur, comme lorsqu’il se produit dans le décubitus dorsal, on voit alors tous les muscles fléchisseurs entrer en action et se dessiner vigoureusement sous la peau.

Il en est de même pour les autres mouvements du cou.

Ce n’est là, en somme, qu’une application d’une loi générale qui pourrait se formuler ainsi : Lorsque le déplacement d’un segment du corps se produit dans l’influence de son propre poids, l’action des muscles ordinairement destinés à agir dans le même sens devient inutile, et ce sont, au contraire, les muscles antagonistes qui entrent en contraction pour contre-balancer et régler l’action aveugle de la pesanteur.


§ 3. — Modification des formes extérieures dans les mouvements du cou et de la tête.


A. Extension ou renversement de la tête et du cou en arrière. (Pl. 87, fig. 2.)


Dans le renversement du cou, en position forcée, la protubérance occipitale externe se rapproche de la proéminente du cou, au point de n’en être distante que de quelques centimètres, réduisant ainsi la nuque à sa plus courte étendue.

Par contre, les régions antérieures sont distendues et acquièrent dans le sens vertical leurs plus grandes dimensions. La région sus-hyoïdienne, ou sous-mentonnière, tend à se placer dans le prolongement de la région sous-hyoïdienne, mais l’angle rentrant, que ces deux régions forment entre elles, ne s’efface jamais complètement et, bien qu’élargi, le sillon hyoïdien que nous avons signalé se retrouve toujours.

Dans ce mouvement la bouche tend à s’ouvrir. Le cou subit, en même temps, un élargissement notable latéralement, dont la cause réside dans le déplacement des muscles sterno-mastoïdiens.

Les formes extérieures se trouvent en conséquence modifiées de la façon suivante :

Sur la ligne médiane, le corps de l’os hyoïde se dessine quelquefois au fond du sillon hyoïdien élargi ; sur les côtés, les fosses hyoïdiennes se creusent.

Le larynx projeté en avant dessine vigoureusement sous la peau sa forme anguleuse. On