Aller au contenu

Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lèvres et aux tempes seulement, il y avait de petits plis d’ombre. D’où pouvait-elle donc tenir cela ? Et, à l’improviste, je demandai :

— Et vos fillettes ?

Les rides de son visage disparurent une seconde, puis se ramassèrent, presque plus sombres.

— Elles se portent bien, Dieu merci, mais…

Ma voisine se mit en mouvement, et je marchai à sa gauche, selon l’usage.

— Savez-vous, elles ont toutes deux l’âge où les enfants posent des questions, du matin au soir. Pourquoi, du matin jusqu’à la nuit ?

— Oui, murmurai-je, il y a une période…

Mais elle ne se laissait pas troubler :

— Et pas seulement des questions comme : Où va ce tramway ? Combien d’étoiles y a-t-il ? Dix mille, est-ce plus que beaucoup ? Mais bien d’autres choses encore ! Par exemple : Est-ce que le bon Dieu parle aussi chinois ? ou bien : Le bon Dieu, comment est-il ? Toujours tout sur le bon Dieu ! On ne sait pourtant rien là-dessus…

— Non, en effet, approuvai-je. On a certaines suppositions.