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Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/27

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De ce doute me tira une lettre que je reçus peu de temps après. Comme son auteur ne m’a pas donné la permission de la publier, je me borne à raconter comment elle finissait, et l’on en conclura sans peine de qui elle provenait. Elle se terminait par ces mots « Moi, et encore cinq enfants, c’est-à-dire parce que je suis compté avec ».

Je répondis par retour du courrier ce qui suit :

« Je crois volontiers, chers enfants, que mon conte sur les mains du bon Dieu vous ait plu ; il me plaît aussi. Mais je ne peux quand même pas aller chez vous. Ne m’en voulez pas ! Qui sait si je vous plairais ? Je n’ai pas de beau nez, et si, comme cela m’arrive quelquefois, un petit bouton devait pousser à sa pointe, vous regarderiez tout le temps ce point, et vous vous étonneriez, et n’entendriez pas du tout ce que je serais en train de dire un peu plus bas que mon nez. Peut-être même en rêveriez-vous, et ce ne serait pas bien du tout. Je vous propose donc une autre solution. Nous avons — même en dehors de votre mère — un grand nombre d’amis et de connaissances