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Page:Rilke - Poésie (trad. Betz).pdf/11

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en cela véritablement pieux. Des hommes pleins de lointain, d’incertitude et d’espérance : des hommes qui deviennent… »

En France il traverse avec un étonnement muet les salles du Louvre, pleines de « toutes ces choses claires de l’antiquité, qui rappellent des ciels du sud et la mer toute proche », de pierres « qui n’avaient rien de mortel », et dont certaines portaient un mouvement, un geste, « demeurés si frais que l’on eût dit qu’ils n’étaient conservés ici que pour être donnés un jour à un enfant quelconque, qui passerait là, par hasard ». Il découvre les cathédrales, avec leur faune pétrifiée : « Ces animaux sans souvenirs d’une autre vie qui étaient déjà tout à fait les habitants de ce monde vertical » et qui « vivaient pour toujours de la vie fervente et impétueuse du temps qui les avait fait surgir ».

« Et maintenant, interroge Rilke, un temps n’est-il pas venu de nouveau qui nous pousse à cette expression, à cette interprétation forte et insistante de ce qu’il y a en lui d’indicible, d’inextricable et d’énigmatique ? »

Un de ceux qui s’étaient assigné cette tâche « grande comme le monde » était Rodin, et c’est vers lui que le poète, à présent, se sent irrésistiblement attiré. À la villa