régime de la mer, la loi à laquelle est absolument assujetti tout ce qui respire dans cet élément. Soustrait à cette loi, l’organisme de l’animal marin, immédiatement débilité et atrophié, cesse de remplir la plénitude de ses facultés et, ainsi que ces végétaux expatriés dont la vigueur ne va pas au-delà d’une infructueuse floraison, l’animal tombe dans l’impuissance de multiplier, sinon de vivre encore et de croître.
En effet, quelques-unes des espèces marines — précisément celles dont les Romains peuplaient leurs viviers — sont susceptibles de faire exception à la règle générale de leur existence ; mais, en sortant de la vie libre, de même que certains oiseaux mis en cage, elles deviennent infécondes, ce qui ne laisse point douter que le lien unissant la vie du poisson à celle des eaux repose sur une de ces infinies combinaisons naturelles que l’homme ne peut ni maîtriser, ni traduire artificiellement. Comment s’y prendrait-il pour obtenir que le régime de la mer ne fût plus la principale condition de l’existence normale du poisson, ou pour saisir et isoler intrinsèquement avec lui des fractions de ce régime ?
Nous ne sommes pas systématiquement incrédule, mais nous avouons que nous ne prendrions pas la peine de rechercher par quel artifice une imposture aurait pu revêtir les apparences d’un miracle. En voyant un oiseau planer dans les airs, si nous étions mécanicien, nous nous sentirions entraîné à examiner s’il ne serait pas possible d’établir un système de navigation aérienne, d’après le principe de gravitation que nous avons sous les yeux ; mais nous tiendrions pour absurde à priori de nous lancer à la recherche du moyen d’augmenter la densité du fluide atmosphérique afin d’y trouver le point d’appui dont notre appareil navigateur aurait besoin. Nous serions peu surpris de la fabrication d’un automate qui mangeât et digérât, mais nous repousserions à priori l’idée de remplacer par des