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Page:Rimbaud - La Mer et les poissons, 1870.djvu/30

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LA MER ET LES POISSONS.

intérêt immédiat, toujours pressant, à puiser le plus qu’il est possible, à cette source que ne protègent ni les soucis du propriétaire, ni ceux du fermier. Prendre, prendre encore, prendre toujours, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien du bien commun, c’est la seule règle d’une industrie qui ne possède pas le fond qu’elle exploite et n’en est pas responsable. »

À qui donc devons-nous demander de faire cesser « le triste spectacle d’un grand peuple, le plus éclairé de tous, ne sachant pas tirer la millième partie de sa subsistance des eaux qui baignent les six cents lieues de sa frontière maritime ? » À qui nous adresserons-nous dans le but d’obtenir que la mer cesse d’être saccagée et infertilisée par les filets traînants, « ces instruments de récolte qui ne peuvent fonctionner en séparant le produit développé de celui qui ne l’est pas, ces engins balayeurs qui, atteignant et retenant tout, le fruit mûr et la semence à peine germée, les générations naissantes plus encore que leurs aînées, frappent de coups dévastateurs l’œuvre de la reproduction ? »

Évidemment, c’est le devoir des gouvernements de surveiller et de protéger l’ensemencement naturel des eaux ; c’est leur devoir de garantir, par une sage et judicieuse administration de la pêche, ce grand objet de la succession et de l’abondance des récoltes de la mer. Après Dieu, c’est à eux qu’appartient le soin d’assurer la nourriture des peuples, ce premier besoin des sociétés civilisées comme de la tribu sauvage.

Toutefois, appeler sur cet objet la sollicitude des gouvernements, c’est se donner une vaine peine, car c’est les placer en face d’une question purement pratique qui leur est à peu près inconnue. C’est du moins ce qui ressort de la crédulité avec laquelle ils ont généralement accueilli les résultats erronés de l’enquête anglaise et de l’enquête belge, sur la pêche, résultats